Ramadan est un mois de réflexion, au deux sens du terme « réflexion » : le jeûneur dont la pratique est pour l’âme la cause d’un bénéfice tangible, lorsqu’il réfléchit, une fois au calme, c’est invariablement la Lumière des cieux et de la terre.
Répondre à l’appel du Ramadan, c’est donc accepter l’invitation au voyage ; la contemplation du Réel est sans nul doute un exercice spirituel difficile. Il s’agit de suivre, à la faveur d’un mouvement subtil de l’âme, la trajectoire de l’étoile prophétique : en son point culminant s’actualise la wilaya, en vertu d’une « annihilation » (fana), et en son achèvement le pratiquant retourne à la création gratifié de l’état de « subsistance » (baqa) et d’amitié parfaite avec le Bien-aimé, et, partant, toute l’humanité. Une des finalités du Ramadan serait ainsi d’établir à l’égard de la nature et du genre humain des rapports de coopération et de convivialité, basés sur les notions de respect mutuel, de bienveillance et de pardon.
Se réconcilier avec soi-même, Dieu, et nos semblables ; n’est-ce pas en effet ce à quoi nous invite ce mois de jeûne ? Ce jeûne du Moi béni par la Nuit du Pouvoir (laylatu al-qadr), au terme de laquelle Dieu fera descendre Ses Anges pour faciliter notre élévation vers Lui. L’occasion nous est donnée de préparer cet évènement – dont le Coran nous indique qu’il est spirituellement plus bénéfique que mille mois d’adoration – en nous réconciliant avec la légèreté de l’être, en nous délestant des attaches inutiles, du poids des angoisses, des rancunes et des doutes : le jeûne des prochains jours devra nous faire perdre ce poids, pour nous faciliter l’élévation.