L'augmentation du niveau de violence et des crimes anti-islamiques a alimenté les inquiétudes concernant l'augmentation des tensions religieuses et ethniques dans le plus grand pays démocratique du monde.
Ces tensions, contrairement à d'autres pratiques anti-islamiques similaires dans d'autres pays, n’ont provoqué aucune réaction au sein de la communauté internationale.
Le Journal « Atlantic » a enquêté sur cette question avec un rapport de Yasmeen Serhan, journaliste internationale.
Serhan dans ce rapport, présente les différences entre les violences en Inde et des manifestations similaires dans le monde, et déclare : « La violence est devenue l'un des éléments des manifestations, en particulier contre les gouvernements, comme en France où les affrontements avec la police ont fait de nombreux blessés, ou en Irak et au Chili, qui ont même entraîné la mort de plusieurs personnes. Cependant, les troubles en Inde sont différents. En Inde, la violence sectaire a fait des dizaines de morts à Delhi, après des mois de manifestations pacifiques contre la nouvelle loi sur la citoyenneté. Ce n’est pas la répression gouvernementale qui a fait des morts mais le gouvernement ne semble pas vouloir mettre fin aux protestations. Les critiques estiment que la nouvelle loi sur la citoyenneté indienne place la religion au cœur de la nationalité et menace le statut du pays réputé en tant que démocratie laïque et pluraliste. Le rapport souligne le virage des manifestations pacifiques vers la violence. Tout a changé au cours de la semaine dernière. Un politicien local, membre du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP) qui a récemment perdu son siège au Parlement, dans un discours, a exigé que la police dégage la route nord-est bloquée par les manifestants ou que lui et ses partisans, aient le droit de le faire. Quelques heures après cet ultimatum, des violences se sont produites, selon le New York Times, et des affrontements entre musulmans et hindous, ont fait des dizaines de morts et entrainé la destruction de nombreux magasins, de maisons et de mosquées qui ont été incendiées ».
Dans un commentaire, Gareth Price, chercheur principal au « Chatham House » de Londres, a déclaré que ce genre de violence avait généralement une réponse rapide du gouvernement avec le déploiement de nombreux policiers dans la rue, pour faire rentrer tout le monde et calmer la situation, mais que cela n’était pas fait s’il y avait une volonté de ne pas mettre un terme au conflit.
Le rapport souligne implicitement la réticence du Premier ministre indien, Narendra Modi, à mettre un terme au récent conflit. Certains responsables ont suggéré que l'armée soit déployée et que des interdictions de manifester soient déclarées, mais le gouvernement jusqu'à présent, a résisté aux pressions. Au lieu de cela, Modi a appelé les habitants de la capitale « à la paix et à la fraternité ». Personne n'écoutera probablement cette demande et le gouvernement ne réussira pas à arrêter les protestations contre la modification de la loi sur la citoyenneté. Modi a été accusé d'être trop occupé par la visite du président américain, Donald Trump, et de n’avoir pas tenu compte des avertissements sur les violences à Delhi. D'autre part, avant la confirmation des déclarations du porte-parole du BJP selon lesquelles les partis rivaux planifiaient des troubles pour saper la réputation de l'Inde, le porte-parole du BJP avait déclaré aux journalistes, que le parti ne soutenait aucune forme de violence alors que les responsables indiens sont accusés ne pas avoir réagi face aux casseurs hindous et aux violences contre les musulmans, et sont même accusés d’avoir coopéré avec eux. Ce rapport présente aussi le passé de Modi et ses actions contre les musulmans depuis 2014. Lorsque Modi est arrivé au pouvoir en 2014, il prévoyait de relancer l'économie stagnante du pays et d'améliorer ses infrastructures, mais d'un autre côté, il a aussi essayé de transformer l'Inde en un État nationaliste hindou. Depuis la réélection de Modi, l'année dernière, cet objectif est devenu plus visible dans un certain nombre de politiques controversées comme la révocation de l’autonomie du Cachemire, seul État à majorité musulmane, et le recensement de la population de l’Assam qui devrait priver près de 2 millions de personnes, de leur nationalité et faire d’eux des apatrides.
Le rapport rappelle aussi la politique de Modi pendant son mandat au Gujarat, la dernière fois que des conflits comme ceux de Delhi se sont produits en Inde en 2002, sous son mandat. Lorsque les affrontements entre musulmans et hindous ont éclaté à la suite d'un incendie de train mortel, Modi et son gouvernement ont poursuivi une politique de silence pendant plusieurs mois. Au final, 2000 habitants - en grande majorité des musulmans - ont été tués et des milliers ont été déplacés. Bien que le tribunal ait par la suite, acquitté Modi de la responsabilité de ces violences, son rôle dans l'insurrection s'est avéré suffisant pour l’interdire d'entrée aux États-Unis et en Grande-Bretagne pendant près d'une décennie. Le rapport conclut qu’en utilisant ces mesures pour freiner la violence à Delhi, Modi peut prétendre avoir évité la réponse féroce habituelle des gouvernements aux protestations, dans les autres pays. Mais le silence face à ces troubles et face aux casseurs, dénonce certaines priorités cachées du gouvernement. Si le gouvernement indien n'est pas impliqué dans les violences sectaires, il est responsable de ne pas les avoir empêchées.