À Najaf, il était de coutume pour un grand nombre de savants et d’étudiants de se diriger vers Karbala à pied pendant l’Arbaïen de l’Imam Hussein (as) afin d’atteindre le sanctuaire sacré du prince des Martyrs, l’Imam Hussein (as), la nuit du 40e jour de son martyre. Lorsque j’étais à Najaf, j’avais eu une fois la chance de parcourir ce trajet à pied et c’était ma première année à Najaf. La deuxième année, nous étions arrivés à Bassora le jour d’Arbaïn et ne pouvant plus parcourir le trajet à pied, nous avions pris un véhicule pour nous rendre à Karbala et étions arrivés au sanctuaire de l’Imam Hussein (as) la nuit d’Arbaïn. Cette année-là, nous n’avions pas pu parcourir ce trajet à pied. La première année, avec Hajj Mustapha Khomeini et un groupe de compagnons, nous avions décidé de nous rendre à Karbala à pied. La distance entre Najaf et Karbala est d’environ douze lieues et à cette époque, malgré la route qui n’était pas très bonne, les voitures parcouraient ce trajet en une heure. Cependant, parcourir ce trajet à pied, prenait environ deux à trois jours en raison de nombreux arrêts effectués en chemin. Ces arrêts étaient dus au fait que certains chefs de grandes tribus, de clans arabes ainsi que des propriétaires de cortèges et de délégations avaient construit des maisons sur le chemin et avaient installé des husseiniyahs sous des tentes, à l’intérieur desquelles, en raison de leur intérêt pour la famille de l’infaillibilité et de la pureté (en particulier le prince des croyants), ils accueillaient chaleureusement les pèlerins de cet Imam et les servaient à manger. L’accueil et le service étaient d’autant plus agréables, surtout lorsque les pèlerins étaient les descendants de la famille du Messager de Dieu (saw). Quoi qu’il en soit, nous nous étions mis en route vers Kabala accompagné du feu Hajj Mustafa. En chemin, lorsque nous étions arrivés au niveau des maisons de ces chefs de tribus, ils étaient venus nous accueillir et nous avaient invités chez eux. Quand ils avaient réalisé que Hajj Mustafa, en plus de faire partir de la famille du Messager de Dieu (saw) et d’être un savant, était également le fils de l’imam Khomeini(ra), ils avaient fortement exprimé leur amour et leur affection, puis avaient insisté pour qu’il reste avec eux quelques heures de plus afin de tenir un discours. C’était là le signe de la double popularité de l’imam Khomeini parmi le peuple irakien, en particulier les chiites, qui avait émergé après son mouvement et son soulèvement révolutionnaire. Comme les marches et les manifestions de soutien n’étaient pas à la mode à l’époque, les gens exprimaient leur dévotion et amour à l’imam de diverses manières.
(Les mémoires de l'Ayatollah Seyyed Hossein Mousavi Tabrizi, Première Partie, P. 172-173)