Nous n’aurions pas exagéré si nous déclarons que Muharram, le soulèvement du maître des martyrs et la tragédie d’Achoura étaient les sujets majeurs dans les propos de l’Imam Khomeiny (paix à son âme) et l’axe principal dans la conduite du mouvement islamique.
L’Imam Khomeiny (paix à son âme) avant comme après la révolution islamique, en divers endroits, a manifesté une considération particulière par rapport au rôle et à l’influence des concepts et des valeurs de la tragédie d’Achoura sur le mouvement de la nation.
Dans l’ensemble, nous pouvons examiner le lien entre le mois de Muharram, la tragédie historique de ce mois et le mouvement de l’Imam Khomeiny (paix à son âme) de trois aspects :
1. Muharram et l’islam.
L’une des paroles les plus influentes de l’Imam Khomeiny (paix à son âme), est la célèbre phrase « C’est Muharram et Safar qui ont préservé l’islam ». (Sahifeh-ye Imam, vol. 15, p. 331).
L’Imam Khomeiny (paix à son âme) croyait vraiment en ce principe et c’est à cause de cela qu’il insistait beaucoup sur l’importance de Muharram et d’Achoura. Il mentionnait fréquemment les concepts de Muharram dans ses discours et dans ses messages. Il disait :
« Il faut que vous et nous, dans nos propos et nos paroles, surtout en ces mois de Muharram et de Safar qui sont les mois de la béatitude et de la vivification de l’islam, préservions ces deux mois en rappelant les peines et les afflictions des Ahl-ul-Bayt (as), car c’est avec le rappel des afflictions des Ahl-ul-Bayt que cette secte a survécu jusqu’à maintenant et a gardé sa même attitude traditionnelle ainsi que sa même attitude de réciter des lamentations et des cantiques. Les démons ne doivent pas vous chuchoter dans les oreilles que, comme nous avons fait la révolution, il faudrait seulement parler des affaires de cette révolution et oublier les affaires du passé. Non et non !
Nous devons être les gardiens de ces traditions islamiques et de ces nobles assemblées islamiques qui se tiennent à Achoura, à Muharram et à Safar en des occasions requises … » (Sahifeh-ye Imam, vol. 15, p. 331.)
Le point important ici, est que pour l’Imam Khomeiny (paix à son âme) non seulement Muharram est la cause du mouvement populaire et le facteur efficace dans la révolution et la préservation du chiisme, mais il est également ce qui a permis de sauvegarder l’islam.
2. L’usage étendu des concepts et des valeurs de Muharram.
Tout au long des années de combat et d’insurrection de la nation iranienne, la littérature de l’Imam (paix à son âme) et de ses compagnons était pleine des concepts, des exemples, des paraboles et des allégories du mouvement de l’Imam Hussein (as) et de l’évènement d’Achoura.
L’établissement de la culture de la lutte contre l’injustice, de ne pas rester silencieux et de révolter contre l’injuste, a ses racines dans la culture d’Achoura et sa vulgarisation à travers le mouvement de l’Imam. L’Imam a dit :
« Si une nation veut résister pour la justice, il faudrait qu’elle s’inspire de l’histoire. Il faut qu’elle fasse usage de l’histoire de l’islam pour voir ce qui s’est produit dans le passé. Le passé est un modèle et une référence pour nous. C’est avec un petit nombre que le maître des martyrs s’était soulevé. Alors qu’en face de lui, il y avait Yazid qui était un régime robuste et puissant avec une apparence islamique, qui faisait d’ailleurs partie de la même famille . Pendant qu’il faisait semblant d’être musulman et son régime, d’après ce qu’il pensait lui-même, était un régime islamique, et lui, il était le calife du prophète –dans son imagination-, il y avait quelque chose qui n’allait pas : il était un tyran qui se trouvait à la tête d’un pays, sans en avoir le droit. Le fait qu’Aba Abdellah a lancé un mouvement et s’est soulevé accompagné de quelques personnes contre lui, était pour ce qu’il se disait : c’est mon devoir de m’opposer à ça et à interdire le blâmable. Si un leader injuste règne sur un peuple, alors les savants et les religieux de ce peuple ont le devoir de se lever et interdire le blâmable ». (Sahifeh-ye Imam, vol. 5, p. 173).
Achoura et sa tradition était un stimulant puissant pour le mouvement et sa continuité. L’Imam a également considéré et s’est inspiré de cela de manière profonde après la révolution en particulier dans la Défense Sacrée.
3. Le mois de Muharram, la saison de lutte, l’occasion en or.
Le mois de Muharram, en raison de la tradition du rassemblement immense des gens et de manifestations vieille de plus de mille ans, offre une occasion en or pour le mouvement et l’Imam a profité de cela avec ingéniosité. Ce courant a débuté dès les premières années du mouvement en l’an 1963 et a continué jusqu’à la victoire totale de la révolution islamique. Le régime avait parfaitement identifié ce danger et avait montré son aversion vis-à-vis de cela. Quoi qu’il ne pouvait pas interdire les assemblées et les manifestations, il a néanmoins oppressé et étouffé les prédicateurs. Le SAVAK leur a interdit de parler à propos de l’injustice et de l’injuste et d’exposer le lien entre les évènements et les personnalités de la tragédie d’Achoura et les conditions de l’époque.
Cependant, avec toutes les difficultés et les persécutions, les messages et les discours de l’Imam dans le mois de Muharram et dans les différentes manifestations se multipliaient rapidement et le contenu se mettait en application.
L’Imam insistait beaucoup sur l’usage des chants cantiques et des assemblées dans le mois de Muharram et de Safar. Il disait :
« …Tenez les assemblées sans consulter les autorités et en cas d’empêchement, rassemblez-vous dans les ronds-points, les boulevards, les rues et les ruelles… ». (Sahifeh-ye Imam, vol.5, p. 78).
En résumé, le mois de Muharram et les cérémonies de commémoration du deuil du maître des martyrs ont trouvé un lien étroit avec le mouvement islamique et la mer sans frontière de ses valeurs et de ses concepts est devenue le principal moteurs du mouvement islamique de la nation iranienne.